Je ne savais pas où mettre ça... :)

J’étais tanné d’être tenu en box, tanné d’avoir ces maudits antibiotiques qui ne changeaient rien à mon état. Je commençais à devenir agressif. À envoyer les pieds : « Ça suffit les médicaments ! Je n’en veux plus, j’ai trop mal ! Ça ne sert à rien ! Je veux être moi, seulement moi ! ». Cette journée-là, Émilie semblait troublée. Je me souviens avoir eu une piqûre, avoir vu Émilie monter dans le camion et en ressortir. Ensuite, tout est devenu flou et mes sens engourdis. J’avais mal dans tout le corps et ça me brûlait.
J’entendais des bruits, mais j’étais trop engourdi pour comprendre ce que c’était. Je voyais des formes bouger, mais j’étais incapable de les distinguer. J’entendis ma porte de box ouvrir, mais je ne voyais rien de familier ni ne reconnaissais rien de familier. Je paniquais et la forme se rapprochait un peu plus de moi : « Non ! Arrête, j’ai peur ! ». Elle ne m’écoutait pas, alors j’ai chargé. C’est là que je me suis rendu compte que c’était Émilie.
Aussitôt, je me suis calmé. Elle m’a serré très fort dans ses bras et s’est mise à pleurer. Je ne voulais pas la faire souffrir et je me sentais mal de l’avoir attaquée. Je m’en voulais. Je voulais partir.
Plus le temps passais, plus j’avais de la difficulté à respirer. Je n’acceptais plus mes médicaments et je repoussais Danielle. Ce n’était pas sa faute, mais je savais quelles étaient les raisons de sa présence. Mais elle avait tellement fait pour moi, pour Émilie. C’était assez. Je refusais même ma moulée. J’en avais assez d’être soigné.
C’est ce matin seulement qu’Émilie est arrivée, en larme, mais calme devant mon box. Une laisse à la main. « Tu vas me manquer mon gros, mais c’est la meilleure chose que je puisse faire pour toi. J’ai promis de ne jamais te laisser souffrir inutilement. J’ai promis de tout faire pour toi, pour ton confort. J’ai tellement voulu que tu aies une belle vie. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Merci de m’avoir tant appris. Merci, surtout, d’avoir été mon meilleur ami et de m’avoir acceptée sous tous mes aspects. Je te serai toujours reconnaissante. »
Mon cou me pique comme si j’avais eu une piqûre, il commence à faire noir tout à coup. Mes yeux se ferment et je ne ressent plus aucune douleur. Je me sent bien et en paix.
« Ma chère Émilie, j’ai eu une belle vie auprès de toi. On en a vécu des choses. Je n’ai pas toujours été un bon cheval, mais j’ai toujours fait de mon mieux pour te faire plaisir. Pour moi, tout ce qui a toujours compté était ton plaisir. Tu as tenues toutes tes promesses qui me concernaient. Tu m’as rendu heureux et tu m’as donné une raison d’être, une raison de changer. Tu ne m’as jamais demandé d’être un autre cheval que moi-même et tu as toujours su me pardonner mes erreurs. Tu as été la seule personne à me comprendre et à m’aimer tel que je suis. Merci. »
Il fait totalement noir maintenant. Ma respiration diminue peu à peu, pour finalement s’arrêter. Je m’éteins, l’esprit en paix.